3 La folie

Comment se comporter face à la folie ? Faut-il adopter le regard du scientifique, du psychologue clinicien qui veut fournir une thérapie ? Peut-on comprendre la folie grâce au discours rationnel ? La folie qu’on enferme par un geste d’internement, qu’on met à l’écart, qu’on délimite par rapport au règne de la raison ; la folie qu’on expulse vers l’Extérieur et qu’on place à l’hôpital – n’est-elle pas la figure de la limite où se perd le sens, où les repères et les références se brouillent et s’échappent vers l’horizon indécis de l’incertitude ? Bateau de fous qui erre sans but sur sa trajectoire irrésolue ! Tous ces noms nouveaux : fureur, schizophrénie, délire, démence, trouble de la personnalité multiple, manie, perversité constitutionnelle, maladie mentale, dégénérescence, etc. Mais peut-être la folie n’est-elle rien d’autre qu’une transgression morale – un vice parmi d’autres ? Maladie du corps ou maladie de l’âme ? La folie résiste à nos catégories : impunissable, elle exige des circonstances particulières. Et si le criminel n’avait pas accompli l’acte ? Est-il responsable de son action si c’est une autre personnalité qui a pris possession de son esprit ? Et s’il était possible de formuler un éloge de la folie – de cette grande maîtresse du monde ? Les grands génies ne sont-ils pas souvent considérés comme fous – au moment où la raison devient excessive jusqu’à la déraison ? Mais aussi : ne devient-on pas tout autant fou de rage que d’amour ? Ne sombre-t-on pas tout autant dans la folie par désespoir que par passion ? Que d’obscurité entoure la présence obsédante de l’irrationalité ! Que d’angoisse et d’inquiétude enveloppent le dérangement de la pensée ! Mais il existe aussi des fêtes des fous, des fêtes de l’ânerie, de la bêtise et de l’absurdité, où l’organisation de la société est, pour un bref instant, suspendue dans le vide.
Voilà quelques questions – parmi tant d’autres ! – qu’un Travail de Maturité consacré au thème de la folie pourraient aborder. La philosophie, la poésie, l’art, la littérature, la science s’interrogent en effet depuis leurs débuts sur la figure du fou. C’est que la folie, loin de relever seulement d’une exception rapidement disqualifiée par manque d’intérêt, nous concerne dans ce que nous avons de propre : ne sommes-nous pas seuls parmi les êtres vivants à pouvoir nous démarquer par l’exercice de notre raison ?
Qu’il s’agisse du traitement social réservé à la folie dans le monde que nous connaissons, du vacillement angoissant qu’éveille en nous la présence obsessive du fou dans notre culture, de sa représentation dans la peinture ou dans la littérature, de son étude par la science, ou encore du doute qu’elle instille dans nos existences, nous nous attacherons à montrer que l’ombre de la folie possède une place fondamentale dans notre rapport au monde.
Ce Travail de Maturité est ouvert à tou·te·s, et n’exige aucun prérequis. Il demande simplement un intérêt pour la question de la folie, une envie de penser, et une dose de curiosité.
| Référent·e·(s) | M. Jeremy Filthuth et M. Thomas Tixhon |
| Répartition des élèves | Travail individuel |
| Présentation en salle | 032 |
